« J’ai toujours eu un rapport excentrique avec mon processus photographique. Sténopiste, j’ai la volonté d’être acteur de ma propre production, d’avoir une relation unique et personnelle avec la matière que j’utilise, j’ai besoin de ce rapport physique.
En bois, plastique, métal, je fabrique des appareils photographiques aveugles et je deviens l’œil et le viseur. Pour chaque lieu un nouveau sténopé, idem pour les supports sensibles que j’utilise.
L’installation de mes laboratoires in situ, le format des appareils et les temps de pose extrêmement longs configurent totalement mon intervention. C’est le lieu qui impose le processus et c’est cette forme de communion qui enfante l’image.
Mes images montrent des perceptions visuelles et temporelles qui troublent nos repères habituels, comme pour la solargraphie ou l’exposition du négatif en tant qu’image finale. C’est le début de ma longue histoire avec le temps qui efface le visible et présente l’invisible.
Ma présence durant deux ans dans l’église Saint-Sulpice à Paris, pour le projet d'Ainsi Soient-Ailes m'a permis d’aborder l’histoire de Montréal par le biais du prêtre Olier, homme illustre au Canada comme en France. C’est son histoire qui a guidé mon parcours en découvrant des personnages historiques : Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys et le Frère André.
J'avais choisi l'hiver pour travailler avec la neige pendant quatre mois d'expositions. Tout comme pour Montréal, le retard a été rigoureux, Covid oblige ! Gel, dégel, pluie, chaleur... les résultats parlent d'eux-mêmes. Fabrice Lassort.